lundi 2 mai 2011

Je me pose encore des questions.


J’aimerais expliquer ici comment cette proposition du comité-conseil nous touche ici et me touche aussi.

À Bois-de-Boulogne, nous avons 2 profils. Un en Communication (journalisme et cinéma) et un autre en Arts visuels et nouvelles technologies qui date d’une dizaine d’années.
Nous étions à réfléchir sur une nouvelle grille en communication réorganisant les apprentissages de base et les techniques en cinéma et en journalisme pour en sortir un nouvelle mouture plus large mais aussi plus adaptée à la réalité contemporaine
Je constate à la lecture de cette nouvelle grille que cela nous facilitera la construction d’un profil plus riche, plus clair, mieux articulé et plus intégrateur.

Par contre, pour ce qui est des arts visuels et de son exclusion du programme Arts et lettres, je continue de ne pas comprendre les prémisses et les conséquences. (à part la disparition de ma job)

Notre profil accueillait les étudiants indécis ou multidisciplinaires au niveau de leur carrière ou de leurs intérêts artistiques. Ils et elles voyaient donc la possibilité de continuer à réfléchir selon un éventail de choix plus large pour l’université.

La formation de base en arts visuels passe par des approches plus traditionnelles mais aussi par l’utilisation d’outils numériques. Dessin d’observation au fusain, composition numérique sur Illustrator ou Photoshop, vidéo d’art, montage, photographie, production d’une pièce de théâtre d’envergure (costumes, décors, interprétation, affiches, dépliants, etc). La création se traduisait sous plusieurs formes et les étudiants avaient l’occasion d’expérimenter mais aussi de transposer de plusieurs façons. (oups! je parle déjà au passé, c’est mauvais signe)

Le domaine des arts est certainement de plus en plus spécialisé au niveau des compétences techniques, et les formations universitaires le montrent bien (danse, théâtre, musique, etc). Mais aujourd’hui, les arts sont encore plus qu’auparavant de plus en plus multidisciplinaires et interdisciplinaires (Luc Grenier l’avait bien mentionné lors de notre rencontre du 15 avril).

La nature artistique ou culturelle de nos intérêts n’est pas toujours taillée au couteau. Encore pire pour des étudiants et étudiantes au sortir de l’adolescence ou encore avec les deux pieds dedans.
C’est donc pour moi un choix étrange que de demander à tous les étudiants du secondaire de choisir immédiatement leur voie dans le domaine des arts.  (Les étudiants en Design graphique auront-ils la même exigence?)

Ces étudiants qui nous arrivent du secondaire sont très souvent indécis, ils s’intéressent au dessin, à la peinture, aux jeux vidéo où à la BD, écrivent des chansons ou écrivent tout court, jouent d’un instrument, dansent, photographient et consomment des films, mais ils et elles ne sauraient pas dire ce qui les intéressent le plus. Le domaine des arts les intéressent, ils et elles peuvent s’y exprimer. C’est quelquefois le seul endroit où ils se sentent à l’aise. (c’est plus subjectif, moins rationnel, des «rejects» s’y retrouvent souvent) (oui je sais ce ne sont pas de bonnes raisons, mais c’est aussi la réalité).  Une formation artistique générale comme nous avions leur donnait la chance faire un choix plus éclairé.

Peu d’étudiants choisissent d’aller en arts visuels à l’université à la fin de leur CEGEP, mais ceux qui l’ont fait dans les dernières années ont tous réussis avec succès, que ce soit à l’UQAM, à Concordia pour nos étudiants. Certains ont choisi des formations en architecture à L’UdeM, en Design de l’environnement, en design industriel, en Design graphique à l’UQAM ou à Laval, en pédagogie des arts ou dans des domaines connexes aux arts visuels ou pas du tout.  Mais tous ces choix n’étaient pas aussi évidents en arrivant au CEGEP.
Dans la réponse qu’Alexandre Paré nous a transmis, il est dit que nous pouvons encore enseigner les arts visuels et avoir des profils en arts visuels mais que notre formation ne conduira pas au programme d’arts plastiques ou médiatiques ou visuels dans les prochaines années. 
Mais alors le nom même conduirait à une fausse représentation devant les étudiants.

Cette contrainte d’étude spécialisée dès le collégial et imposée aux étudiants est-elle la réponse appropriée?
Je n’ai lu que la recommandation, mais la démonstration n'est pas encore évidente à mes yeux. 
Pour le moment, je me trouve dans le vide.

Les formations en arts visuels ou en arts plastiques à l’université espèrent améliorer la qualité des étudiants. Je suis en faveur.
Mais avec cette proposition est-ce qu’on ne resserre pas le goulot d’étranglement trop tôt pour les étudiants?

Je crois que la réflexion ne concerne pas seulement les arts visuels mais notre compréhension de l’expérience et de la pratique artistique, qu’elle soit visuelle, plastique, littéraire ou mutlidisciplinaire.
J’ai l’impression que nous sommes déjà sur l’autoroute, lorsque je regarde le calendrier prévu mais que certaines roues ne sont pas du bon calibre. Il faudrait s’arrêter pour prendre le temps de les changer ou de les ajuster.
Je serais curieux d’avoir vos avis et commentaires. Il y a certainement plusieurs trous dans mon fromage.