dimanche 15 mai 2011

Rappel -Appel de candidature Révision Mels -16 mai

Bonjour,

Simplement un rappel pour les personnes intéressées à faire partie de l'équipe de révision du programme pour l'automne 2011 (MELS): la date butoir de l'appel de candidature est le lundi 16 mai 2011. Il faut envoyer une courte lettre d'intention à: alexandre.pare@mels.gouv.qc.ca

LLefebvre (FXG)

L'enseignement des arts mis en jeu.


Maintenant avec le recul, je commence à voir ce qui me fait tiquer dans cette proposition du comité-conseil au sujet d’Arts et lettres, c’est que je ne la comprends pas. On ne me l'explique que partiellement.

Oui je sais, il est dit clairement que c'est à cause du recentrage du programme arts plastiques et que les programmes universitaires en arts visuels ont constaté le manque de préparation des étudiants en arts et lettres. 
Mais a-t-on réagi à ces deux seules constatations? 
Et quand, dans le même mouvement, on exclut danse et musique, je vois bien que les arts visuels ne sont plus seuls dans cette évaluation.
Ce qui est mis en jeu c’est l’enseignement des arts.

Mais quels sont les principes qui ont guidés le comité dans sa réflexion?
Le MELS doit avoir un plan d’ensemble pour l’enseignement des arts, il ne peut pas travailler comme ça à la pièce. Pourrait-on être mis au courant?
Car pour le moment, je me pose certaines questions.

-Quelle vision le MELS a-t-il de l’enseignement des arts à travers le primaire, le secondaire, le collégial, le post-collégial et l’universitaire?
-Quels sont les vrais objectifs du MELS dans cette transformation?
-Et selon quelles données ou observations et selon quelles évaluations?
-Doit-on comprendre que ces transformations sont de natures quantitatives et pas seulement qualitatives et qu’on veut protéger les programmes spécialisés  en arts au CEGEP comme Danse, Théâtre, Arts plastiques (futur arts visuels) et Musique ?
-Y-a-t-il un désir parallèle de diminuer le nombre d’étudiants dans ces programmes universitaires parce qu’il y en a trop et qu’il y a trop peu de débouchés?

-On veut améliorer la formation, mais selon quelles compétences à développer?
Améliorer la technique?  Est-ce vraiment ça? !!!

S’il y a un plan d’ensemble au MELS concernant l’enseignement des arts j’aimerais qu’on nous le présente.
En attendant il y a des conséquences à ces choix qui me laissent perplexes.

Arts et lettres change d’emballage et de contenu.
Le problème n’est pas seulement l’exclusion des arts comme profil puisqu’on pourra continuer à y enseigner les arts visuels, le théâtre, la littérature, (la musique et la danse, je ne suis pas certain). C'est qu'en créant un fourre-tout ouvrant de nouveaux horizons au CEGEP sur la culture et un peu sur les arts, on les fermerait pour l’université. Oh!

Cette nouvelle mouture du programme Arts et lettres conduirait à l’université, aux programmes de littérature, de langues, de traduction, de communications, etc, mais on aura pris la peine d’exclure la musique, la danse, les arts visuels et bientôt le théâtre.

C’est une transformation radicale sous le couvert de retouches mineures. 
De plus, cette professionnalisation des pratiques de l’art si tôt au CEGEP m’inquiète.

Mais examinons les retouches.

Les étudiants en Arts et lettres (profil arts visuels) n’auraient pas suffisamment de compétences pour suivre la formation en Arts médiatiques à l’université. Il y a pourtant des critères de sélection à l’université.
Ceux de l’UQAM (par exemple) se basent à 40% sur les notes et  à 60% pour le portfolio.
On nous dit que l’enseignement des arts visuels serait encore possible en Arts et lettres, mais le problème réside dans le fait qu’il ne conduirait plus à une formation universitaire en Arts visuels. Paradoxe.

Actuellement tout étudiant détenant un DEC peut faire une demande dans les domaines des arts médiatiques, de la musique, de la danse, etc.
Avec les nouvelles conditions d’admission universitaires pour les arts visuels, on passerait d’une avenue à 6 voies à un passage piétonnier. Selon cette nouvelle formule, seul les étudiants du programme Arts plastiques pourraient y avoir accès.
Il me semble que plusieurs solutions intermédiaires existaient, existent : Le portfolio déjà, limiter les demandes à certains programmes, examen d’entrée etc. C’est ce qui se fait en Design graphique à L’UQAM.
En Cinéma, en Journalisme, en Communication, en Design, en Architecture, en Danse, en Musique, en Théâtre etc, ces critères restrictifs de programme n’existent pas.  !!! (je me suis fié aux conditions d’admission de l’UQAM)
Faut-il en déduire que ces formations sont moins exigeantes?
J’en doute.

Ou encore, doit-on comprendre que bientôt, le Ministère exigera des étudiants qu’ils fassent un choix de carrière dès le CEGEP, s’ils veulent plus tard étudier dans les domaines artistiques.
En tout cas ce mouvement indique que les universités vont restreindre leurs accès aux  seuls étudiants détenteurs de DEC spécialisés en Musique, en Arts plastiques et en Danse. Théâtre devrait suivre bientôt. Là c’est moi qui interprète.

Et pourtant le domaine des arts est particulièrement difficile – je ne parle pas ici de l’apprentissage des techniques, des connaissances, de la réflexion sur la pratique, de la connaissance de l’histoire de l’art, de la discipline de travail - mais plutôt et surtout du futur financier. La profession d’artiste est peu reluisante en termes de revenus. Et tout le monde ne réussit pas.
Il faut se rappeler que ces formations universitaires sont de deux natures : Pratique artistique et Enseignement des arts.
Travailleur autonome trop souvent sous-payé, le praticien dans un de ces domaines doit bien souvent assumer d’autres emplois pour survivre et persévérer.  Un artiste qui vit uniquement de ses revenus d’artiste au Québec ou au Canada ne le fait pas pendant longtemps ou le fait tard dans sa vie d’artiste, et avec l’aide de bourses et de subventions ponctuelles, de contrats irréguliers, etc, ou enseigne.

Je cite le programme de Musique de l’UQAM, mais ça s’applique aux arts visuels, à la danse et au théâtre.

«Sauf pour les exigences scolaires, l'accès à cette profession dépend essentiellement des compétences individuelles des candidats, [...] dont les plus importantes sont sans conteste la créativité, le talent, la persévérance et l'originalité. Il est également essentiel de posséder une bonne culture générale. Les professeurs de musique et de chant doivent en plus démontrer des aptitudes et de l’intérêt à transmettre des connaissances, et avoir de grandes capacités à communiquer. Les aptitudes à négocier et à promouvoir ses réalisations font augmenter les chances de succès.»

La maîtrise des techniques est importante mais ce n’est pas le critère absolu et unique.
Je ne crois pas qu’on puisse traiter la formation en art de la même façon.

Il est important de donner une meilleure formation aux praticiens de l’art, mais il ne faut pas oublier ceux qui sont dans la marge, ceux qui sont intéressés par plusieurs domaines , ceux qui n’entrent pas tôt dans le moule technique. Il arrive bien souvent que ce soit eux qui fassent avancer les pratiques et les modèles artistiques, parce qu’ils ont eu la chance d’être en contact avec d’autres pratiques, qu'ils ont un regard différent.
Edouard Lock ne vient pas initialement de la danse, mais du cinéma et de la littérature. Michel Lemieux a fait l'école de théâtre mais agit aussi en arts visuels, en multi-média et en performance. Pierre Lapointe étudie en arts plastiques et en interprétation théâtrale à Saint-Hyacinthe avant de se diriger vers la chanson. David Altmejd, le représentant canadien à la Biennale de Venise en 2007 étudiait en biologie à l’université McGill. Il n’aurait plus accès à l’université en arts médiatiques de l’UQAM.

Comment demander à des étudiants du secondaire de choisir dès le CEGEP cette voie exigeante de la pratique de l’art. Certains n’hésitent pas. Ils savent ce qu’ils veulent.
Comment offrir la chance à d’autres étudiants de développer ces intérêts pour une pratique artistique si on les étrangle si tôt dans une seule voie.

N’est-ce pas préférable d’offrir à ces étudiants du CEGEP de la latitude, des expériences diverses, une formation multidisciplinaire, une formation générale culturelle et artistique, et donc un peu plus de temps pour se faire une tête et une meilleure idée de leurs intérêts. J’aime mieux voir un étudiant se chercher au CEGEP qu’à l’université surtout avec les frais de scolarité qui augmentent.

Peut-on donner une chance à ces étudiants qui s’intéressent aux arts mais ne savent pas exactement dans quel domaine ils ou elles veulent se spécialiser?

L’art n’est pas seulement un métier, une profession c’est aussi un espace flou (qui n’est pas nécessairement limité par une pratique ou une technique spécifique) où des individualités réussissent enfin à survivre et à se trouver. Oui, pourquoi ne pas le dire. 
C’est un espace où respirer, qui est ouvert, qui n’endure pas d’être enfermé dans un choix de carrière si tôt dans la vie de jeunes adultes.

Je propose que cette quatrième option soit activée dans le nouveau programme et que les programmes universitaires en conjonction avec le MELS trouvent des solutions intermédiaires sur les conditions d’admissions à leurs différents programmes pour ne pas exclure ces étudiants d’Arts et lettres.